Traverser la mort et le deuil grace a la philosophie du yoga

© image : Tricycle – The Buddhist Review

La perte d’un proche est l’une des plus grandes souffrance humaine. Du jour au lendemain, la mort peut frapper à ta porte sans prévenir. Tu te trouves alors complètement désoeuvré pour y faire face. Une souffrance si intense et profonde peut t’envahir et te laisser complètement sonné pendant des jours. La détresse, le déni, le sentiment d’injustice et les souvenirs du défunt se mélangent dans ta tête. Tu ressens un décalage énorme entre le monde qui continue à tourner comme si de rien n’était alors que le tien vient de s’effondrer. Comment cela a pu se produire si vite ? Comment tout à basculer ? 

A chaque fois que la mort est venue emporter avec elle une personne que j’ai aimé, je me suis rapprochée un peu plus de la vie, de son infini beauté éphémère. Si je souffre autant aujourd’hui, c’est à la mesure de mon amour. Ce sont les deux faces d’une même pièce. Mon coeur éprouve une immense gratitude d’avoir eu la chance de rencontrer cette personne et de passer des moments de qualité avec elle dans cette vie. Le plus bel hommage que je puisse lui rendre est de vivre encore plus intensément. Rien ne dure éternellement et la mort est un grand maître pour nous le rappeler. En me rapprochant de la mort, je me suis rapprochée de la valeur du moment présent. 

La philosophie du yoga nous livre plusieurs enseignements pour traverser le deuil d’un proche. 

Le corps physique meurt mais l’âme est éternelle 

Dans les Upanishads et la Bhagavad Gītā (parmi les textes fondateurs du yoga), l’âme (Atman) est décrite comme éternelle, inaltérable et indépendante du corps.

Le corps physique serait comme un vêtement que l’âme porterait temporairement. À la mort, on changerait simplement de “vêtement”. Rien ne disparaît, tout se transforme. 

En ce sens, le défunt serait libéré de son enveloppe charnel. 

Le Samsara et la réincarnation 

Le Saṃsāra est le cycle de renaissance éternel des êtres non éveillés (qui n’ont pas encore atteint le Nirvana). 

Cet océan de renaissance est sans commencement dans le temps et se perpétue grâce au karma de chaque être. 

Voici une représentation du samsara qu’on appelle roue de l’existence karmique

© Tricycle – The Buddhist Review


Au centre, trois animaux représentent les trois poisons de l’existence qui sont à l’origine de la souffrance des êtres : l’ignorance (le porc), l’attachement (le coq) et l’aversion (le serpent). 

Dans le second cercle, on trouve une dichotomie : d’un côté des personnes sous fond de nuages blancs semblant vertueux mais qui restent attachés à leur vie terrestre et de l’autre, des personnes enchaînées sous fond noir semblant payer le fruit de leurs actes. 

Cela représente les conséquences du karma des individus. Karma signifie action en sanskrit et selon cette philosophie, toute action entraîne forcément une réaction. Ainsi les êtres passent par une succession d’états positifs ou négatifs en fonction de leur karma. 

Le troisième cercle est divisé en six zones : trois supérieures (le monde des dieux, des asuras (demi-dieux) et des humains) et trois inférieures (le monde des animaux, le monde des damnés et celui des esprits avides appelés preta). 


Un dernier cercle représente les douze liens d’interdépendance qui maintiennent les âmes dans le samsara. Parmi ces liens, on peut citer : la formation karmique, la naissance, la vieillesse et la mort, la soif…

Cette roue est souvent représentée entre les mains de Yama, le dieu et juge des morts dans le panthéon hindoue. Il est considéré comme le premier être à avoir fait l’expérience de la mort.  

Le Bouddha, l’éveillé, celui qui a brisé ce cycle et atteint le Nirvana, est souvent représenté en dehors de la roue. 

En ce sens, on comprend que la perte d’un proche est liée au chemin propre d’évolution de son âme, lui aussi conditionné par son karma généré dans cette vie et celles précédentes. 

Ainsi, chaque vie et chaque mort aurait un sens même si on ne le comprenait pas toujours. 

L’acceptation de l’impermanence 

S’il existe quelque chose de permanent en ce monde, c’est bien l’impermanence. 

Rien ne dure éternellement et le yoga nous enseigne cela à travers la notion d’aparigraha, le désintéressement. 

Il s’agit là d’accepter que rien ni personne ne nous appartient vraiment. 

Il est important de profiter de ce qui est là, sans pour autant s’y agripper, l’attachement conduisant nécessairement à la souffrance.

Tout va inexorablement passer : la joie comme la peine, les émotions, les pensées, la douleur, la vie…

Refuser l’impermanence, c’est se battre contre la conséquence inexorable de la vie alors que l’accepter, c’est entrer dans un état de lâcher-prise. 

La disparition d’un être cher est un brutal rappel que notre équilibre est fragile. 

La philosophie du yoga te propose de voir cela non comme une injustice, mais comme la loi naturelle de l’existence.

Reconnaître que tout ce qui naît est voué à se dissoudre, c’est aussi reconnaître la précieuse valeur de chaque instant vécu (ultime paradoxe). 


Quand je me sentais mal, j’ai trouvé un commentaire sur un forum d’un monsieur qui a bien vécu et qui a donc perdu beaucoup de personnes chères à son coeur. 

Je te le partage ici pour qu’il puisse t’apporter à toi aussi un peu de baume au coeur.

Si tu vis actuellement un deuil, sache que je suis de tout coeur avec toi dans cette épreuve. 

N’hésite pas à t’entourer des personnes que tu aimes, à en parler autour de toi, c’est important de se sentir entouré quand on vit une pareille épreuve. 

Je t’envoie beaucoup d’amour et de douceur. 

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